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Le meilleur et le pire du podcast au Québec (2e partie).

 

Écrit pour Communication Jean Malo par Janick Anctil  | Catégorie: Pub et Internet | Date: 2016

 


Suite à l’écoute de 15 à 20 podcasts différents sur le site de http://rzoweb.com/#/, voici en rafale mes commentaires, réflexions… et quelques petits conseils pour les créateurs actuels et futurs d’émissions.  Prenez ce qui vous convient.  Je précise que le but n’est pas de rendre votre produit commercial, mais plutôt écoutable.  Le pire qui peut vous arriver, c’est d’intéresser un plus grand nombre de personnes et que ces gens vous écoutent semaine après semaine.  Par la suite, pourquoi pas un commanditaire qui sera attiré par votre différence?  Être payé pour faire aller sa grande gueule, c’est assez gratifiant croyez-moi.  Bonne lecture.



Le contenant
Vous avez le contenu, nous allons travailler sur le contenant.  C’est ce qui attire l’auditeur en premier lieu, comme le lecteur accroche sur la couverture (et le 4e de couverture) d’un livre avant de l’acheter. Qu’est-ce qui compose votre contenant?

    1    L’image promotionnelle, les couleurs de votre émission. La plupart des concepteurs de podcast l’ont bien compris, car l’originalité est au rendez-vous.  Mais les auditeurs aiment bien mettre des visages sur les voix qu’ils entendent.  Quelque part sur votre site Internet ou sur votre page Facebook, il serait intéressant de vous voir en action pendant une émission.  Une séance de photos n’est pas très dispendieuse et le fait de voir vos jolis minois créerait un sentiment d’appartenance auprès de vos admirateurs, puis donnerait le goût aux autres auditeurs de vous entendre.
 
    2    Le thème sonore de l’émission. C’est là où il y a le plus de travail à faire selon moi.  Ça doit devenir un ver d’oreille, une signature qu’on associe au titre de votre émission dès les premières secondes où il retentit.  Vous avez un podcast sur le cinéma? C’est une musique de film ou au moins une image sonore représentant le 7e art que l’on doit entendre.  J’ai bien aimé le thème du podcast LE BRAS DE FER DES FILMS (http://rzoweb.com/#/show/brasdefer). 

 

Dans un autre registre, TROIS BIÈRES (http://rzoweb.com/#/show/3bieres) a aussi une belle signature sonore, courte et énergique.  Mais la palme d’or du ver d’oreille va à JAMAIS CONTENT (http://rzoweb.com/#/show/jamaiscontent).  Je ne peux plus m’en débarrasser.  Malheureusement, pour quelques trouvailles intéressantes, beaucoup d’émissions n’ont pas mis d’énergie (ou quelques centaines de dollars) là-dessus.  Ça équivaut à un commerçant qui placarderait ses vitrines avec des planches de bois.  Auriez-vous le goût d’entrer dans un tel magasin?
 
Pourquoi pas quelques coups de pratiques avant d’arriver devant public?
Tous les humoristes au Québec connaissent LE VIEUX CLOCHER de Magog.  C’est une petite salle de spectacle où ils viennent tester leur matériel, en prévision de la première « officielle » de leur spectacle, souvent à Montréal, devant le grand public.  Après quelques représentations à Magog, certains racontent que 60% de leur contenu va à la poubelle.
Pour votre podcast, pourquoi ne pas vous donner la chance d’un ou deux coups de pratique?  Des émissions pilotes, que vous feriez écouter à quelques dizaines d’auditeurs (des amis objectifs et de purs étrangers qui seraient contents de participer à un « focus group ») dans le but d’avoir leurs commentaires.  Ce qui est bon, ce qui l’est moins, ce qui les a accrochés, à quel moment ils ont décroché.  Votre première présence officielle n’en sera que meilleure.
 
Mieux vaut un son pourri pour tous qu’une distorsion épouvantable.
Le son est un problème pour la majorité des podcasts que j’ai écoutés.  Démarrer une émission avec peu de moyens ne veut pas dire pas de moyens du tout.  Le son est hyper important.  Un mauvais son vient nous gratter l’inconscient comme des ongles sur un tableau et nous fait décrocher. À l’inverse, un bon son nous incite à écouter un peu plus longtemps.


Si vous n’avez vraiment pas un sou à investir dans de bons équipements audio (lire des micros adéquats) et si vous ne pouvez pas vous retrouver tous au même endroit lors de l’enregistrement de l’émission, dans une pièce bien insonorisée, qui ne nous donnera pas l’impression que vous êtes dans le fond d’une caverne, ayez au moins tous un son « pourri égal ».  Actuellement, sur 5 ou 6 participants, nous retrouvons dans à peu près toutes les émissions un ou 2 intervenants via Skype, qui sonnent la « cacanne ». 

 

Entendu dans une émission, pour commenter la sonorité douteuse d’un des participants :
« Tu fais l’émission avec une serviette sur la tête d’habitude »
Réponse : « Oui, mais là il fait trop chaud »
Dans une autre émission, l’animateur présente son collègue Stéphane, « avec un son de marde comme d’habitude.  T’es sur ton iPhone? »  Réponse de Stéphane : « Non, j’ai pas ce moyen-là ».   On le sait que votre son est mauvais, ce n’est pas nécessaire de nous le rappeler aux auditeurs afin qu’ils pensent juste à ça.
 
On se lasse vite de votre « plaisir solitaire »

Quand j’étais au début de la vingtaine, un de mes films préférés était «Pump up the volume » avec Christian Slater (extrait disponible sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=xLDehtTqyig).  Il personnifie un étudiant à la fin du secondaire qui a reçu de ses parents des équipements audio pour correspondre  avec ses anciens amis (ses parents l’ont acheté pour qu’il avale un déménagement forcé, promotion du paternel oblige).  En direct de son sous-sol, il se sert plutôt de son « cadeau de déménagement » pour diffuser chaque soir sa propre émission de radio. Personne ne sait qui il est réellement (il déguise sa voix).  Il est audacieux, mystérieux, ténébreux.  Il parle, parle, parle encore.  Ses propos sont audacieux, mordants, intelligents.  Un gars de radio incroyable.

Même chose pour Robin Williams dans le film « Good morning Vietnam ».  Charismatique, drôle, pertinent même si seul au micro avec une panoplie de personnages sortant de sa tête et de ses cordes vocales.
C’est du cinéma.  La réalité est très différente.  Parmi tous les professionnels de la communication que je connais, peu parviendraient à tenir le micro seul pendant 30, 60 minutes ou plus, tout en demeurant pertinents.  Ceux qui fonctionnent en solo pour un podcast amateur ne passent tout simplement pas le test.  C’est long, redondant, désorganisé.  On décroche vite.  Je suis certain que vous avez au moins un ami ou un invité avec qui vous pouvez interagir. Mais entendre seulement le son de votre voix, aussi mélodieuse soit-elle, durant toute une émission, ce n’est pas gagnant.
 
8 animateurs, c’est 7 de trop
C’est très personnel, mais une émission de radio en groupe est tellement plus agréable.  La majorité des créateurs de podcast qui sévissent actuellement sont certainement d’accord, car ils s’entourent d’une équipe parfois nombreuse.  Au-delà du contenu de l’émission, les auditeurs nous parlent d’abord et avant tout de la complicité qui règne au sein de l’équipe.  Toutefois, c’est un couteau à 2 tranchants.  S’il n’y a pas au moins un leader dans le groupe, ça devient vite cacophonique et très peu agréable à l’oreille.  En écoutant certaines émissions, j’ai l’image de 4 voitures qui sont arrêtées sur un stop à une intersection.  Les 4 automobilistes se font signe d’avancer, chacun veut laisser passer les autres avant lui, mais tout le monde finit par avancer en même temps et c’est le chaos.

Dans la description des différentes émissions, je vois une liste de 2, 4, 5, 6, parfois 10 animateurs.  Nooooooooon.  Il ne doit y avoir qu’un seul animateur.  Les autres sont des collaborateurs, des membres de l’émission, des chroniqueurs.  Appelez-les comme vous voulez, mais ce sont tout sauf des animateurs.  Un animateur, c’est celui qui s’assure qu’il y ait de l’ordre dans l’émission.  Il ouvre l’émission et passe la parole aux autres membres de l’équipe, un à la fois.  Souvent, c’est le plus généreux du groupe, car il s’assure de mettre en valeur chacun des intervenants.  Lorsqu’une intervention n’est pas claire, il demande des précisions comme le ferait un auditeur s’il était en studio.  Il ne mange pas la rondelle, il fait des passes sur  la palette des autres joueurs et c’est toute l’équipe qui en profite.  Pierre Brassard, à POUVEZ-VOUS RÉPÉTER LA QUESTION (sur Ici Radio-Canada Première) est un très bon exemple de ce qu’est un animateur par rapport à un autre membre de l’équipe.  Mes ex-collègues du 107,7 Estrie à Sherbrooke aussi, tout comme les animateurs du 98,5 à Montréal, Paul Arcand en tête.


Sur RZO, Benoit Mercier de l’émission LES MYSTÉRIEUX ÉTONNANTS (http://rzoweb.com/#/show/mysterieux), représente bien ce qu’est un animateur.  Il ouvre l’émission, passe la parole aux autres, permet des dérapages contrôlés, mais reprend les commandes.
Même chose pour Chuck de l’émission LE PETIT BONHEUR (http://rzoweb.com/#/show/petitbonheur) qui doit par contre ralentir le débit.


Je remarque aussi que parfois, celui qui a été choisi comme animateur (ou qui s’est octroyé le rôle) n’a pas ce qu’il faut (timbre de voix, assurance, aptitudes d’animation) pour occuper le siège du capitaine.  Un autre membre de l’équipe (souvent une femme disons-le) collerait davantage au personnage.  Il faut parfois accepter de se congédier au profit de quelqu’un qui cadre mieux avec la description de poste.

Trop de préliminaires, c’est comme pas assez.
C’est vraiment le bordel dans beaucoup de podcasts où il y a très souvent un nombre incalculable de gens qui s’écoutent parler à n’en plus finir (de là un besoin d’animateur qui agit en gardien du temps afin de maintenir le rythme).
Votre émission parle des plus récentes sorties cinéma.  Vous devez nous annoncer de quoi il sera question cette semaine avant la 7e minute du show les amis.  Le bla-bla d’humeur où vous nous racontez ce qui vous est arrivé dans votre vie personnelle entre 2 émissions, c’est bien beau, mais très souvent beaucoup trop long.
Tout comme il est original de parler un peu avant de faire résonner le thème de l’émission, mais 30 à 45 secondes, pas 4 minutes.
Une bonne émission démarre avec le thème sonore, puis un mot de l’animateur (1-2 minutes) qui annonce tout de suite de quoi il sera question cette semaine.  Vient ensuite le tour de table (2-3 minutes maximum) mené par l’animateur.  Puis, on tombe dans le vif du sujet.  Il faut du rythme, pas un bla-bla de 6-7 minutes qui ne mène à rien.  Et l’ordre de l’émission doit être le même chaque semaine.  Les auditeurs aiment bien cette routine, c’est ce qu’ils ont achetée au départ et c’est ce qu’ils veulent retrouver chaque semaine.

Bien parler ne vous rendra pas plate pour autant :
C’est le moment où j’ai l’impression d’en entendre plusieurs à distance me dire : « c’est comme ça que nos auditeurs parlent » ou « Ben chus pas pour me mettre à perler à la française ».  Effectivement, vous avez une couleur et il ne s’agit pas de la perdre.  Mais parler comme tout le monde ne vous permettra pas de vous démarquer.  Je ramène Pierre Brassard dans la conversation.  L’entendez-vous dire « J’ai des fucking bons invités cette semaine! » ou « J’veux pas vous droper l’gros stock tout de suite en partant! » ou encore « j’vas twister un peu la question? »Évidemment non.  Est-ce qu’il est moins bon pour autant? C’est tout le contraire.  Il est drôle, accessible à tous les publics, on aime l’écouter.

Levez le pied sur les anglicismes, ça ne vous rend pas plus « hot » d’en prononcer 4 par phrase.  Vos auditeurs n’accrochent pas plus parce que vous parlez aussi mal qu’eux.  Ce serait plutôt l’inverse.  Attention également aux béquilles, ces mots ou ces sons que l’on répète beaucoup trop souvent dans une même émission (donc, alors, faque, eeeeeeee, etc.).  Nous avons tous des béquilles et elles se font un plaisir de revenir quand nous ne réécoutons pas régulièrement pour en prendre conscience.
Certains ont également un ton tellement monocorde qu’ils seraient en mesure de régler les cas d’insomnie les plus persistants parmi les auditeurs.  Tant mieux si c’est votre but, mais ça m’étonnerait beaucoup.
Enfin, attention au débit trop rapide.  Ceux qui vous écoutent ne veulent pas absolument faire un burn-out.  Vous les épuisez littéralement.

Tout ça se travaille, à condition de vouloir bien entendu.  Évidemment, certains écoutent Mike Ward et veulent adopter son style.  Moi-même je l’adore et je ne manque jamais son émission.  Mais il n’y a qu’un Mike Ward et ce n’est pas vous.  Lui peut envoyer chier le reste de l’humanité, faire un podcast en état d’ébriété et dire tout ce qui lui passe par la tête.  Pourquoi lui et pas vous?  Parce qu’avant de faire tout ça, il a travaillé comme un chien, accumulé certainement plus de 10 000 heures de travail dans son domaine (scène, radio, écriture, etc.).  Donc lorsqu’il réalise son podcast de la façon dont il le fait, on l’applaudit en disant : « c’est son style ».  Si vous faites la même chose, on dira que vous êtes mauvais.  Apprenez à marcher avant d’apprendre à courir.  Je connais des gens qui sont entrés à la radio communautaire il y a 25 ans et qui y sont encore.  Ils se trouvaient bons il y a 25 ans et n’ont guère évolué.  D’autres y sont demeurés 1 an et ont été repêchés par une radio qui avait plus d’auditeurs, car ils ont su se remettre en question.  Résultat : ils ont pu gagner leur vie avec leur grande gueule.  Ils ont conservé leur style, ont amélioré leur façon de dire ce qu’ils avaient à dire et sont écoutés par plus d’auditeurs.  Ça me plait comme parcours.  Et vous?

Vous avez certainement dans votre entourage des professionnels qui vous aiguilleront sur la bonne façon d’être plus pertinent en ondes.  Vous gagnerez ainsi des années d’expérience en quelques heures de coaching.  Servez-vous de ces outils qui sont à votre portée.  Et en ondes, entourez-vous de gens compétents ou au moins motivés à le devenir.

Bonne émission!


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